Le point de départ de cette discussion est un courriel de D. Deveaux sur amuzer.lemonde@pays-gallo.net ; comme il a suscité des réponses intéressantes, elles sont publiées sur cette page où la discussion pourra continuer si vous le souhaitez.
Courriel initial :
Bonjour,
Je viens de trouver par hasard sur wikisource l'intégrale des “Contes du Pays Gallo” d'Honoré Champion - 1904. http://fr.wikisource.org/wiki/Contes_du_Pays_Gallo
Je préjuge que beaucoup d'entre vous connaissent déjà. Hélas tous ces contes sont en français et je me (vous) pose deux questions :
Daniel
Les quatre premières réponses ont été retranscrites à partir des courriels reçus en réponse.
Discussion
Bonjour!
J'ai en ma possession “Trésor des contes du Pays gallo” édité par Terre des Brumes à partir des “Contes de l'Ille et Vilaine” édition de 1901 (J. Maisonneuve) et des “Contes du Pays Gallo” édités en 1904 (Honoré Champion)
Je ne connais pas d'édition en gallo et j'imagine déjà le travail (et les embûches…) que représenterait une adaptation de tous ces contes….
Il est de bonne idée d'y avoir pensé, il serait de bon aloi d'y réfléchir à sa réalisation…
Pour ma part j'en ai adapté 2 ou 3 (le linceul du mort; le diable et le couturier, le rouet enchanté….) mais ce serait à reprendre et à revoir de plus près…..
André Montfort
Ce sont les contes d'Orain.
Bonjour, je veux bien traduire quelques contes avec mes élèves.
Cordialement.
Bin yan… bin nouna : tout ést en français
A cet égard, voici ce qu'a écrit Paul Sébillot le 15 avril 1880 dans la préface de la 1ère édition des Contes populaires de la Haute-Bretagne, tome premier (p. 13 des Contes merveilleux, réédités par Terre De Brume en 1998) :
Je me suis efforcé de conserver ces contes populaires tels que je les ai entendus, en me bornant à les mettre en français correct, à traduire les termes patois qui n'auraient pas été facilement compris, et à élaguer les redites qui ne sont pas utiles à la marche de l'histoire, et qui, supportables dans un récit mimé et parlé, seraient devenues désagréables à la lecture. Je me suis bien gardé de vouloir embellir mon sujet en y ajoutant des épisodes tirés de mon imagination ou empruntés aux recueils publiés en d'autres pays, persuadé qu'en ces sortes de choses la fidélité est à la fois ce qu'il y a de plus honnête et de plus habile. Il est au reste plusieurs de ces contes — surtout dans la série des féeries et des aventures merveilleuses —, qui ont été écrits presque sous la dictée du narrateur : le lendemain, la mémoire encore fraîche, je transcrivais mes notes, et je les relisais à ma femme qui, ayant écouté le récit de la veille, me servait de contrôle, me rectifiant parfois, parfois me rappelant des phrases pittoresques qui m'avaient échappé.
Cet autre extrait de Paul Sébillot, tiré cette fois de Littérature Orale de Haute-Bretagne, 1880, p. 19… va finalement dans le même sens :
LA GOULE ES FÉES. Voici, à titre de curiosité, un conte que je tiens de mon ami et compatriote, M. Auguste Lemoine, qui l'a entendu aux environs de Dinard. C'est un conte de seconde main, et qui n'est par conséquent point littéral. Je l'ai rédigé en patois du littoral ; mais, pour être vrai, je dois ajouter que jamais aucun de mes conteurs ne s'est servi purement du patois pour me raconter des légendes. La plupart du temps, il y avait entre leurs récits et leur manière habituelle de s'exprimer autant de différence qu'il y en a entre la langue écrite et le langage de la conversation ordinaire. Un saï que la mère Milie, qu'était saïge-femme de son état, était assise su n'un berchet dans l'coin d'son fouyer, o ouït queuqur'un qui cognait à l'hu de son hôté. 0 débarrit la porte, et o vit entrer sez ielle eune veille femme qui li dit comme héla de veni do ielle tout cont' Saint-Leunaire, à cette fin […]
Cela est sans comparaison avec les contes notés en gallo (naturel) dans le canton de Pleine-Fougères en 1881, notamment par Virginie Desgranges… récemment édités à la fois par Bertègn Galeiz, La Bouéze, et Dastum, grâce au travail de Jean-Louis Le Craver.
Rodolphe LECHEF, moindre collecteur, a adopté une posture mitigée, qu'il a explicité dans la R.T.P. Revue des Traditions Populaires, t. 10-1895, p. 576. Au final ses récits intègrent certes pas mal de termes gallos, mais essentiellement insérés dans des textes rédigés en français…
La plupart de ces contes m'ont été narrés en 1892 et 1893, par Marie Allain, femme Boisramé, sexagénaire, née à Bréal-sous-Montfort. Je me suis appliqué à les reproduire tels qu'ils m'ont été répétés, en conservant non seulement les tournures de phrases mais encore les mots patois. Les lecteurs de la Revue auront ainsi une idée exacte du langage des paysans de ce pays. Ce recueil contient des passages quelque peu rabelaisiens, que mes lecteurs voudront bien me pardonner.
François Duine s'est également exercé à donner une idée du parler de ses informateurs, comme par exemple dans le texte bilingue en Patois du pays de Dol : La poume naire / La pomme noire, paru dans la R.T.P. Revue des Traditions Populaires, t. 24-1909, p. 145-146 (sous pseudonyme Fra Deuni).
Il s'est livré à un exercice comparable, à titre d'illustrations concernant son “Etude sur le patois du pays de Dol”, notamment avec un extrait de l'Evangile de saint Luc, XV, 2-8, La parabole de la brebis (Annales de Bretagne, t.12, 1896-97, p. 602-603), la version gallèse étant traitée dans une graphie très spécifique…
Ariane De Félice, dans Contes de Haute-Bretagne, parus en 1954 aux éditions Erasme, précise, page XII :
En ce qui concerne le langage, le vannier me déclare que, dans les contes, s'il y a bien des mots en grandeur (beau langage), il y a bien des mots en mayunnais aussi (patois) ; les mots en grandeur sont probablement ceux des formules et des chansons. Mais le narrateur ne voulait pas se laisser aller à conter en mayunnais, prétendant que le patois n'ajoutait rien au conte. Il s'efforçait donc de parler en beau langage. Ce beau langage correspond-il à l'idée que nous avons du bon français ? Des tournures ou des mots paraîtront sans doute insolites ou familiers. Mais je me suis résolue une bonne fois à les laisser tels quels, bien qu'il m'eût été facile de faire quelques retouches. C'est que, pour, se permettre de corriger le langage des conteurs, il faut être sûr de son fait : et si, après tout, c'était aussi du français ? Il arrive, par exemple, que dans la Belle Kévale, Gustin Michaud dise la prée et non le pré. On pourrait tout d'abord penser que c'est là une simple erreur du conteur, donnant une forme féminine à un mot masculin. Or, cette forme se rencontre dans la Chanson de Roland (CV), où l'on peut lire : « Il l'abat mort devant lui en la prée. » Si par ailleurs un conteur parle de bues et non de cruches, il ne fait qu'employer un vieux mot qui existait dans l'ancien français : buie ou buire. Et dans ce mot que les conteurs prononcent mézè, quand on l'écrit phonétiquement, encore faut-il savoir reconnaître l'ancien adverbe meshais ou meshui : désormais, dont se servent les écrivains du XVIe siècle. De même nous retrouvons comme employé au lieu de que pour exprimer la comparaison après aussi, autant, etc., : « aussi belle comme moi. »
Pour ma part, relativement fainéant, je ne fais guère d'efforts, et varie mon langage selon les circonstances, ne travaillant en aucun cas des textes en gallo recherché. Je suis intéressé de connaître les autres retours et échanges…
Cordialement
Jean-Pierre Mathias
j'e mis su la paj là d'mon sit un cont transcrit en galo à ma façon : http://contes-et-merveilles.com/contes/sources-variees/contes-traditionnels-retranscrits-a-ma-facon
Bonjour,
Ce sujet de traduction de contes rédigés en français me rappelle la difficulté d'adaptation du roman Châteaupauvre en gallo.
J'en avais beaucoup parlé avec Christophe Simon à l'époque. Le projet était d'adapter le roman en pièce de théatre.
Bien amicalement Michel Prati (chantgallo.com)
Chaqe votr bonjou,
l'atelier galo de Ptit-Mâr (44) conmence de rtour le lundi le 7 d'octobr.Men deman j'ons la Grand'Assembllée de la souète Galo Tertous à St-Yo e je va lous perpozer de paisser à tourner qhuqes contes l'année-ci. Pourqhi pouint! Faot ben les oqhuper!
Je sons a travaille su un blog pour marqer dsus lous ecrivaijes. http://galo-petit-mars.eklablog.com/
A sueudr don.